Un goût d'éternité 6e partie : Otto : 1957 (4).

 


 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d0/Creamware_vessel_featuring_the_Smoking_Xul_glyph%2C_Maya%2C_Alta_Verapaz_region%2C_Guatemala%2C_Late_Classic_Period%2C_600-900_AD%2C_ceramic_-_Royal_Ontario_Museum_-_DSC04484.JPG

19 heures 52.

Paul Delcourt avait obtenu son patron au téléphone, celui-ci toujours coincé au poste de police.

- Paul, grommela Stephen Mac Garnett. Je vous avais pourtant dit de n’ouvrir à personne.

- Monsieur, rassurez-vous. Il s’agit bien là du colis que vous attendiez depuis plusieurs jours. Je m’en suis assuré. Serez-vous encore retenu longtemps ?

- Je l’ignore. Visiblement, le capitaine a encore quelques questions à me poser. Toutefois, je ne pense pas devoir passer la nuit au poste. En attendant, Paul, faites comme chez vous. Utilisez mon réfrigérateur et surtout, soyez prudent.

- Oui, monsieur. Ne vous inquiétez pas davantage. Je saurai me montrer prudent.

 

*****

 

Dans la ferme abandonnée, à une centaine de kilomètres au sud de Detroit, Otto Möll et Wladimir Belkovsky avaient été passés à tabac par les hommes de main de Pierre Duval. Apparemment, il n’était pas question d’abattre les deux amis. L’espion avait été formel sur ce point.

Or, Wladimir et Otto, sous les coups, avaient fini par sombrer dans l’inconscience. Ils étaient loin de se douter de l’odieux piège qui attendait Stephen. Désormais, le présent et les archives du Commandeur Suprême allaient concorder.

23 heures 44. Stephen Mac Garnett était enfin relâché par la police de Detroit. Un taxi le conduisit jusqu’à son domicile, désormais désert. Le secrétaire ne l’avait pas attendu. Mais il avait pris soin de fermer à clé la porte d’entrée. Ainsi, l’archéologue trouva le colis défait dans l’antichambre, déposé sur la console regency et exactement dans l’état où mister Delcourt l’avait laissé. 

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- Ah ! Soupira Stephen. J’ouvrirai le carton à mon lever. Je suis moulu… il est temps pour moi d’aller dormir.

Ses pas le conduisirent jusque dans la cuisine où, là, il découvrit le reste des agapes de son employé, c’est-à-dire de la viande froide dans une assiette, de la moutarde, deux oranges, un verre de lait bien entamé et une tranche de pain de mie délaissé dans une assiette.

Ce fut la mine soucieuse que Stephen se mit au lit, toujours sans nouvelles de Wladimir et d’Otto.

- Pourquoi ne me contactent-ils pas ? S’inquiétait à juste titre l’archéologue. Ils sont peut-être retenus par la police qui réclame des éclaircissements à propos de cet incendie… il nous arrive tous les ennuis du monde, on cherche à nous tuer et c’est nous qui sommes suspectés !

Epuisé, Stephen finit par fermer l’œil.

 

*****

 

3 heures 27 du matin.

Dans la ferme en ruine, Otto sortait péniblement de sa torpeur. Il vit alors qu’il reposait couché sur de la paille sèche. Autour de lui, l’obscurité. Mais une voix l’appelait, une voix amicale qui n’appartenait pas à celle de Wladimir, dépourvue de tout accent étranger. Bizarre ! De qui pouvait-il donc s’agir ? Manifestement pas à ses tortionnaires.

Ecarquillant les yeux, il tenta alors de distinguer dans l’obscurité la silhouette de son interlocuteur et, se redressant, constata qu’il était libre de ses mouvements. Cependant, la voix inconnue mais pourtant étrangement familière continuait à lui parler.

- Otto, vous n’avez rien à craindre de moi… mais vous ne comprendriez pas si je tentais de vous expliquer qui je suis. Il y a si longtemps que nous nous sommes vus… à Ravensburg…

- Euh, réfléchit l’avionneur… lorsque j’étais enfant ?

- C’est cela, en effet. Mais pour l’heure, il y a plus urgent. Stephen Mac Garnett court un grave danger. Un danger mortel. Vous devez absolument me croire. Je vous ai libérés, vous et Wladimir. Je ne puis faire davantage, ma volonté est… comme paralysée. Cela m’a demandé des efforts terribles pour vous détacher. Tâchez maintenant de rejoindre le domicile de Stephen au plus vite. Ou, à défaut, de l’avertir et de ne toucher à rien. Avez-vous compris ?

- Oui, bien sûr. Mais… qui êtes-vous donc ? J’ai votre nom sur le bout de la langue mais je ne parviens pas à le prononcer. Etrange…

- Silence ! Vous allez réveiller vos ravisseurs. Ma volonté les maintient en catalepsie mais… pas pour longtemps… Fuyez. Par cette fenêtre-ci, en face… elle est dépourvue de carreaux. Je m’en suis assuré. Faites vite. Stephen Mac Garnett vient de recevoir un colis provenant soi-disant du Mexique. Or, à l’intérieur, se dissimule un… scorpion noir venimeux. 

Description de l'image 180928-Skorpion-02.jpg.

- Que… Comment le savez-vous ?

- Je ne puis en dire davantage. Partez, Otto. Je vous en conjure. Désolé, mais vous devrez vous débrouiller par vous-même désormais.

- Wladimir ? il me faut d’abord le réveiller ! Objecta l’avionneur. Je l’entends respirer à mes côtés.

- Vous n’avez pas le temps. Je vous assure que Wladimir ne risque rien pour l’instant. Il sera délivré dans quelques heures par le FBI. Je l’ai alerté… ou plutôt je l’alerterai aussitôt que je serai plus libre de mes mouvements. Ah ! Fichu Commandeur !

La voix s’éteignit dans le néant. Otto s’obstinait à ne pas abandonner son ami le musicien. Il tenta de le tirer plusieurs fois de sa léthargie mais rien n’y fit. Il eut beau le secouer, lui crier dans les oreilles, Wladimir dormait du sommeil du juste.

A contre cœur, le Germano-Américain se résolut enfin à obéir enfin à la voix du mystérieux étranger.

A tâtons, il chercha la fenêtre aux carreaux cassés, la trouva et monta sur l’entablement pour sauter peu après vers l’extérieur.

Dans le bâtiment, tout était toujours silencieux, paisible. Otto se dirigea vers la sombre silhouette de sa voiture, ouvrit la portière et se rendit compte que les clefs étaient toujours dans la boîte à gants. Nerveusement, il mit le contact. La fraîcheur de la nuit fit tousser le moteur mais le véhicule se décida enfin à démarrer.

Malheureusement, le bruit réveilla les ravisseurs. Alors que la voiture d’Otto s’éloignait dans la cour de la ferme, une lumière vive éclaira soudain la grosse berline en train de partir. Les agents du KGB, promptement, prirent en chasse le fugitif.

Une poursuite effrénée débuta alors, digne de celles figurant dans tous les films d’espionnage ou de gangsters de l’époque. La campagne endormie fut troublée par les vrombissements furieux, les coups de freins intempestifs, les surrégimes et les insultes sans oublier les stupides coups de feu crachés par les armes des Soviétiques.

La grosse Ford d’Otto bringuebalait sur les routes cahoteuses et pas bien entretenues avec à ses trousses la Chevrolet toute aussi lourde de ses ennemis. Il y avait longtemps que mister Möll n’avait conduit aussi vite et aussi dangereusement. Mais, un instant, il dut user des freins. Là, stupeur et angoisse, il se rendit compte que ceux-ci avaient été sabotés ! Le chef avait en effet pris le temps de couper le circuit de liquide des freins.

De justesse, Otto évita un tracteur qui prenait son temps sur le bord de la route, puis un camion qui le klaxonna avec rage alors qu’il venait de le frôler. Le conducteur de l’utilitaire n’eut d’autre choix que de verser dans le fossé pour ne pas écrabouiller la Ford. 

 Ford Fairlane 500 Club Victoria de 1957

Un peu plus loin, d’autres voitures connurent le même sort, les chauffeurs accablant d’injures le fou qui conduisait ainsi, en dépit des plus élémentaires règles de sécurité.

Cependant, tandis que les poursuivants économisaient leurs munitions, les deux lourdes berlines étaient en vue d’un passage à niveau.

- La barrière ! Elle s’abaisse ! Hurla Otto de terreur. Je suis fichu !

Malgré la peur qui lui nouait les entrailles, le chercheur accéléra encore et passa d’un fil l’obstacle tandis que le toit de la Ford était enfoncé par le poids de ladite barrière. Les espions n’eurent pas la chance de poursuivre Otto et de se faufiler. Ils durent patienter jusqu’au passage du train.

Ayant gagné quelques minutes sur les agents du KGB, le Germano-Américain n’avait toutefois pas le loisir de ralentir, sabotage de ses freins oblige. Au contraire, la vitesse du véhicule ne faisait qu’augmenter. C’était… terrifiant. Inévitablement, Otto Möll commit une faute sur cette chaussée mouillée, pas forcément en bon état. La Ford dérapa sur la route et effectua un tonneau du plus bel effet avant de stopper à trois centimètres à peine d’un pilier en béton, un pilier téléphonique.

Miraculeusement quasi indemne, Otto, au bord de la nausée, put s’extraire du véhicule accidenté après avoir réussi à briser la fenêtre de la portière de sa berline. Quelque peu sonné, le chercheur boitilla sur la route, une vilaine estafilade à la jambe droite.

Pauvre voiture, fidèle et malmenée, retournée sur le toit, ses quatre roues finissant par s’immobilier enfin !

Hâtant tant bien que mal le pas, Otto s’éloignait du lieu de l’accident. A sa droite, un champ de maïs, labouré fraîchement, et à faible distance, deux-trois cents mètres tout au plus, une citerne grise à peine visible dans l’aube blême. Un silo à grains. 

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L’instinct poussait Otto à courir en direction de ce silo.

Or, tandis que mister Möll traînait plus ou moins la jambe vers la réserve de grains, les agents du KGB avaient rejoint la Ford accidentée. Dans un crissement de pneus audibles dans le silence du petit matin, la Chevrolet s’arrêta et tous ses occupants descendirent, armes au poing.

- Là ! S’écria un des espions en russe. Notre homme fuit là-bas.

Alors, les quatre sinistres individus coururent en direction du silo dans le but d’y grimper et d’en finir avec le fugitif. Plus jeunes et en meilleure forme, ils gagnaient peu à peu sur lui. Toutefois, le chercheur avait fini par atteindre l’échelle de bois du réservoir. Péniblement, presque à bout de souffle, il en grimpa les premiers degrés. Mais un des hommes de main de Pierre Duval, certainement un marathonien, était déjà tout en bas de l’échelle. Il s’agissait d’un grand type aux muscles saillants malgré le costume qui enveloppait son torse puissant. Otto le vit mettre le pied sur le premier barreau de l’échelle.

- Je suis foutu, marmonna l’avionneur.

Bien que redoublant d’efforts et désormais au quinzième échelon, il se savait perdu.

- Allez, Dimitri, criaient les comparses de l’espion. Tu vas l’avoir. Nous te suivons.

Mister Möll progressa encore de quelques marches mais il lui fallait trouver une solution. Soudain, il se rappela qu’il avait en sa possession des objets fort utiles. D’une main, il s’agrippa à l’échelle et de l’autre, il se saisit d’une minuscule boîte d’allumettes, de ces pochettes d’allumettes que l’on trouve dans les restaurants mais également de son briquet en acier. Répandant l’essence du briquet sur l’un des barreaux, il craqua ensuite une allumette puis toute la pochette s’enflamma. Le bois prit feu quasi instantanément. Comment un pareil tour était-il possible ? Soit on peut croire à la chance, soit à un tour de passe-passe de notre agent temporel. En fait l’explication était bien plus prosaïque. Le bois dont était fait l’échelle était vieux et très sec, ce que notre ami Otto avait remarqué.

Les flammes coururent joyeusement le long des échelons. Mais l’espion s’était rendu compte du danger. Bien qu’il rebroussât chemin aussi vite qu’il le put, le feu vint lécher ses mains. Poussant un cri de douleur, Dimitri commit l’irréparable. Il lâcha prise et chuta dans le vide, tombant d’une dizaine de mètres. Ses compagnons ne purent rien pour lui. Bien au contraire, eux aussi se hâtaient maintenant de redescendre, les flammes étant à leurs trousses.

- Il est en train de nous échapper, constata avec amertume un dénommé Ivan.

- Pas sûr, lui répondit son collègue Alexeï.

Sans scrupules, alors qu’il avait des ordres explicites de garder en vie sa proie, il vida son chargeur en direction de l’ex-baron. Cependant, Otto avait anticipé la menace. Désormais sur le faîte du silo, il s’aplatit et rampa jusqu’au bord opposé, hors de portée des espions russes.

Tandis que les sbires poursuivaient leurs tirs nourris, le chercheur s’avisa de la présence d’une petite moto en bas de ce côté-ci du silo. Ainsi, la chance continuait d’être avec lui. 

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- Comment parvenir jusqu’à cet engin ? Marmonna Otto entre ses dents. Je ne vais tout de même pas sauter. Je me briserais les os.

Malgré tout, il essaya. L’incroyable se produisit. Sans qu’il comprît comment, le quinquagénaire se redressa et, prenant son élan, sauta dans le vide. Or, plus la distance s’accroissait avec le sommet de la réserve de grains, plus il ralentissait, comme si notre héros malgré lui avait été muni d’une ceinture anti gravité.

Un tour de l’agent temporel ? Certainement…

Le prodige se poursuivant, Otto atterrit comme par magie sur la selle de la moto. Encore tout ébahi, notre avionneur n’en pensa pas moins à faire démarrer le moteur. La machine répondit au quart de tour. Mais le rugissement du deux-roues alerta les trois survivants. Courant comme des fous, ils virent de loin Otto Möll s’enfuir à toute vitesse sur la route. Le temps qu’ils regagnent leur Chevrolet, c’était trop tard. Le fuyard avait disparu dans un des chemins de traverse.

Mister Möll aurait bien ri s’il avait pu s’apercevoir dans un miroir. Il était ridicule sur cette moto et peinait à garder son équilibre sur cet engin pétaradant. Mais il n’avait pas le cœur à cela. Il était loin de se préoccuper de son confort personnel. Une seule idée le taraudait : trouver au plus vite un lieu habité et un téléphone. Oui, en ce temps-là, on était loin de disposer d’appareils ultra-modernes comme des smartphones ou des transpondeurs.

Après une course échevelée de vingt minutes environ, le chercheur parvint à un bourg constitué de quelques maisons parfaitement alignées sur une route rectiligne. Parmi ces bâtiments très Middle West, on pouvait y reconnaître un drugstore, une station-service, un garage et un café. Au loin, se dessinait le rectangle d’une grange. Stoppant brutalement, Otto pénétra en courant dans le drugstore et demanda vivement au patron du magasin s’il pouvait passer un coup de fil.

- C’est urgent, fit-il.

- Bien sûr. Si vous devez téléphoner en dehors du comté, il faut demander l’opératrice.

- Ce ne sera pas nécessaire. Le numéro est à Detroit.

Fébrilement, il forma le numéro de Stephen Mac Garnett sur le cadran cylindrique. La sonnerie tinta plus de six fois avant qu’Otto obtînt sa communication.

- Bon sang ! Mais qu’est-ce qu’il fait ? Ah ! C’est vrai… il est encore tôt. Il doit dormir.

Mais l’archéologue avait enfin décroché.

- Euh… C’est toi, Otto ? Que se passe-t-il ? Je pensais que tu serais de retour assez tôt. Wladimir est-il à tes côtés ?

- Trop long à t’expliquer ce qu’il nous est arrivé, mon vieux. Nous avons connu quelques contretemps. Nous avons été enlevés… par des Russes.

- Quoi ?

- Tais-toi et laisse-moi finir. Toi aussi tu es en danger. Ah ! Mais je t’ai réveillé sans doute…

- Pas qu’un peu. Il est à peine 6 heures 5 du matin. Je me lève à peine. Tandis que ce fichu téléphone sonnait, j’ai constaté que le colis que j’ai reçu hier a disparu. Or, avant de me coucher, je me rappelle l’avoir déposé sur la table de chevet de ma chambre…

- Le colis ? S’exclama alors Otto soudain terriblement inquiet. Quel colis ?

- Mais le colis que j’attendais du Mexique. Tu sais, celui que devait m’envoyer le professeur Jiménez. Avec la statuette de Tlaloc. 

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- Oh ! Mein Gott ! Quelle imprudence ! tu l’as ouvert ce maudit paquet ? Eh oui, puisque tu m’en dis le contenu.

- Minute, mon ami. J’ai simplement ôté le papier qui entourait le carton. Pourquoi tant d’affolement de ta part ?

- Je crois que tu ne comprends pas le danger, Stephen. Oui, tu es en danger…. Tu cours un danger mortel. Sais-tu ce que renferme ton colis ? Un scorpion noir. 

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- Tu racontes n’importe quoi. Comment peux-tu savoir cela ?

- On me l’a dit… quelqu’un qui me protège depuis longtemps. Nous avons de puissants ennemis, des adversaires acharnés.

- Des espions soviétiques. Qui sont au courant de tes recherches.

- Oui. En attendant, tâche de retrouver ton paquet. Tu peux être certain que ce n’est pas ton professeur mexicain qui te l’a envoyé. Lorsque tu auras mis la main dessus, ne va pas plus loin et jette-le dans le vide-ordures.

- Euh, Otto, réfléchis… si ce que tu dis est vrai, un scorpion est tout à fait incapable de sortir seul du carton mais aussi de le faire disparaître.

- Je viens de te dire que nous avons des ennemis dont les moyens dépassaient les nôtres.

- Otto, tu exagères…

Un soupir s’échappa de l’écouteur puis un silence de mort suivit les paroles de Mac Garnett. Enfin, Otto perçut comme frôlement, un cri de terreur pure et puis… plus rien.

- Allo ! Allo ! Stephen ? Qui y-a-t-il ? Réponds-moi, Stephen… je t’en prie…

L’ex-baron eut beau s’égosiller dans le haut-parleur, plus personne n’était capable de lui répondre à l’autre bout du fil.

L’avionneur entendit encore un bruit mat, comme un corps qui chutait sur le sol et le silence régna encore une fois.

Devenu blême, Otto Möll comprit que l’inévitable mort de Stephen Mac Garnett était désormais un fait accompli. Une mauvaise sueur coula dans son dos, le faisant frissonner. Lentement, il remit l’écouteur à sa place et hésita. Le souffle et la parole lui maquaient. Puis, sa décision prise, il reprit l’appareil et forma cette fois le numéro de la police de Detroit.

Pendant ce temps, le commerçant vaquait à ses occupations. Il n’avait perçu que des bribes de la conversation de l’ex-baron avec le défunt archéologue.

Plus tard encore, Wladimir, libéré, rejoignit Otto Möll chez lui.

La mort de Stephen Mac Garnett devait rester longtemps incompréhensible pour les forces de l’ordre. En effet, le scorpion noir, un scorpion synthétique fabriqué par Xaxercos, resta introuvable. En fait, il s’agissait d’un robot télécommandé qui était parvenu à déchirer le carton qui le contenait et ensuite, guidé par la chaleur du corps humain, avait pu officier et piquer sa victime à la cheville. Sa tâche terminée, la bête venimeuse s’était désintégrée comme son programme l’exigeait.

Seule l’autopsie devait résoudre le mystère du décès de Mac Garnett. Elle n’eut lieu que plusieurs mois après la mort de l’archéologue, sous les pressions à la fois du FBI et d’Otto Möll.

 

*****

 

4 octobre.

Il n’était pas encore tout à fait midi aux horloges de l’aéroport de Moscou. Pierre Duval débarquait chez lui, heureux de la mission accomplie. L’espion était accueilli chaleureusement par Nicolaï Diubinov.

- Alors, comment s’est déroulé ce qui avait été prévu ? Demanda celui-ci.

- Merveilleusement d’après ce que j’en sais. Mais je suis parti avant que tout soit fini. Toutefois, je puis dire qu’il s’agit d’une double victoire.

- Ah ! Camarade Paldomirov, je vois à quoi vous faites allusion.

- Oui, Spoutnik 1 tourne dans l’espace. Le premier satellite artificiel est soviétique ! 

 Description de cette image, également commentée ci-après

- Exactement. Les savants occidentaux sont en pleine décadence. Gloire donc à nos chercheurs et ingénieurs en astronautique.

- Oui, c’est cela. Gloire également à notre Premier Secrétaire du Parti, Nikita Khrouchtchev à qui nous devons cette avancée scientifique.

 

*****

 

Après les pénibles épreuves vécues, Franz, Wladimir et Otto allaient se barricader chez eux pour tout le restant de l’année. Pas question pour le duc von Hauerstadt d’aller passer Noël chez sa Granny en France bien que cette dernière l’eût supplié.

Or, justement, en France donc, le 5 novembre 1957, Félix Gaillard, à peine âgé de trente-huit ans, formait son gouvernement. La IVème République était moribonde mais qui s’en rendait compte alors ?

Albert Camus recevait le Prix Nobel de littérature.

Cependant, les Américains allaient riposter devant l’exploit représenté par le lancement réussi de Spoutnik 1. Tandis que les Soviétiques envoyaient dans l’espace un deuxième satellite cette fois-ci avec un être vivant à son bord, la chienne Laïka,

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a2/Posta_Romana_-_1959_-_Laika_120_B.jpg

 les Etats-Unis eux aussi parvenaient à projeter dans la stratosphère un autre engin construit de la main de l’homme et ce, le 31 janvier 1958.

 

*****


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