Un goût d'éternité 6e partie : Otto : 1960 (2).
Au cours du mois de février 1960, le FBI procéda au démantèlement d’une partie du réseau de faux-monnayeurs au service de l’Ennemi. Mais cela demeurait bien insuffisant pour enrayer la machine de guerre. Dans le futur, les hommes-robots disposaient de suffisamment d’armes pour que leur rébellion programmée portât un coup fatal à la première civilisation post-atomique.
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Le 24 février 1960, Franz reçut à Washington un télégramme rédigé en français lui annonçant la mort de son grand-père maternel, Gérald de Malicourt. Agé de 95 ans, le vieil homme souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis de longues années déjà. Le petit bleu avait été rédigé par Raoul, le fils unique, car Mathilde était trop choquée pour entreprendre la moindre démarche. Tout naturellement, la famille von Hauerstadt se rendit aux obsèques du comte. Le chat Sonntag, qui frôlait les vingt ans, fut confié à la garde de la fidèle nurse Cajun Marie ainsi que les jumelles Liliane et Sylviane, trop jeunes pour assister à l’enterrement. Elisabeth eut du mal à ne pas pousser un cri lorsqu’elle revit Mathilde. En effet, la comtesse, toute chenue, ressemblait davantage à une poupée de porcelaine enfarinée et décatie qu’à une personne certes âgée mais en bonne santé.
Durant les funérailles, la
nonagénaire fut soutenue à la fois par son fils Raoul et par Lucie, la tante
qui, désormais, se montrait d’un abord plus facile. La très vieille dame se
réfugiait dans son monde intérieur, dans un passé idéalisé où quelques fois, il
lui semblait capter la présence d’Amélie, et ce, à l’orée du XXe siècle.
D’ailleurs, Granny n’avait pas réellement reconnu Franz. Elle se traîna ainsi
encore quelques mois, s’éteignant peu à peu comme un moineau sans force. Vers
la fin de l’automne, à son tour, elle effectua le mystérieux chemin pour
l’au-delà. Cela arriva le 16 novembre 1960.
Lors de l’enterrement de la comtesse douairière, une silhouette toute de noir vêtue resta à distance, se dissimulant derrière les arbres. Un instant, Franz croisa le regard de l’inconnu. Il s’agissait de Raoul d’Arminville. L’ancien aventurier avait eu le bon ton de ne pas s’imposer parmi cette famille en deuil.
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Après ces deux décès, contrairement à ce que l’on
aurait pu attendre, le duc von Hauerstadt ne rompit pas tout contact avec les
Malicourt. Il laissa au comte en titre l’usufruit de la propriété alors que
Mathilde lui avait tout légué depuis douze ans déjà. En 1965, lorsque Raoul de
Malicourt mourut, septuagénaire, d’une embolie pulmonaire, tous les biens
revinrent au petit-fils.
*****
Jeudi 7 avril 1960.
Sur les bords de la Seine, près de l’ancien pont de l’Alma
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non encore démoli et remplacé, se déroulait la remise des prix d’un concours organisé par le célèbre hebdomadaire pour enfants Spirou.

Malgré lui, en spectateur distant, Giacomo Perretti assistait à cette manifestation. Puis, il regagna les boulevards à pas mesurés, acheta la Stampa à un kiosque à journaux avant de s’installer nonchalamment à la terrasse d’un café où il commanda un martini. Devant sa consommation, il commença à prendre connaissance des nouvelles de politique italienne. Un nouveau gouvernement était à proximité d’être constitué qui, comme d’habitude, ne ferait pas long feu. Mais voici qu’une limousine Ford Custom noire,
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portant une plaque minéralogique de l’OTAN, stoppa sans crier
gare devant ledit café. Au volant, le toujours aussi peu discret William
O’Gready klaxonna bruyamment afin d’attirer l’attention du journaliste
philosophe. Surpris, relevant la tête, Giacomo reconnut l’extravagant colonel. Ce
dernier lui fit explicitement signe de monter dans la Ford. Abandonnant un
pourboire conséquent sur la petite table ronde, l’Italien obtempéra.
Une fois installé sur le siège passager avant, il
questionna William qui redémarrait dans un crissement de pneus. D’une voix où
perçait le mécontentement, Bill s’expliqua en postillonnant.
- On a cambriolé le SHAPE cette nuit ! Plusieurs
documents top secret ont disparu. C’est certainement encore un coup des agents
du KGB téléguidés par le faux Pierre Duval. J’en mettrais ma main au feu. Parmi
les documents volés figurait notre dernier plan en cas d’attaque nucléaire de
Paris. Je pense que nous sommes infiltrés avec plusieurs faux soldats.
- Mais, Bill, ce que vous me dites ressemble à un
scénario de mauvaise BD ! Vous voyez Pierre Duval partout. Depuis
longtemps, l’agent secret a dû regagner tout simplement l’URSS.
Irrité, William répliqua d’une voix sèche.
- Peut-être avez-vous raison, mais, à mon avis, ce vol
est lié à celui du translateur l’an passé. Il nous faut alerter Otto au plus
vite. Si les Ivan connaissent notre plan d’alerte atomique pour la France,
comme ils possèdent désormais une machine capable de se déplacer dans le temps,
nous serons cuits en moins de deux.
- Mais non, Bill, tranquillisez-vous. Le translateur
volé n’est pas opérationnel. Otto me l’a encore assuré le mois dernier. Michaël
et Franz y ont supprimé une pièce vitale pour le fonctionnement de la
translation du module. L’engin ne peut donc se déplacer que dans un espace
euclidien limité. Cet appareil n’était qu’un leurre, une chèvre, pour tromper
nos ennemis. Inutile en ce cas d’alerter Otto.
- Bof ! Tout ça, je ne comprends rien. C’est trop
technique pour moi, éructa William. La presse ne saura rien de ce vol.
- C’est tout naturel, acquiesça Perretti. En
attendant, contactons plutôt Franz. Il saura vous conseiller utilement.
A cette proposition, William fit la moue mais dut
convenir que l’Italien avait raison.
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Cependant, l’espion robot biologique Kintu Guptao Yi-Ka accomplissait sa tâche avec le plus grand zèle. Tout ce qu’il trouvait était expédié en URSS. Pierre Duval réceptionnait les données et en faisait tirer profit aux organismes spécialisés de la patrie du communisme triomphant. Mais, en cette année 1960, le gouvernement américain se retrouva confronté à une sale affaire qui, nous le devinons, occulta les vols du SHAPE.

Le premier mai, un avion espion U2,
piloté par Francis Powers
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fut abattu au-dessus du territoire
soviétique. Le pilote s’en tira vivant mais prisonnier, n’ayant pas réussi à
avaler sa capsule de poison. Cet événement déclencha une telle tempête
internationale qu’Otto et Franz crurent la Troisième Guerre mondiale imminente.
Ils prévinrent Michaël mais celui-ci était fort occupé ailleurs à détourner les
missiles de leurs cibles en l’an de grâce 1995.
Par conséquent, ce fut Stephen qui se dévoua et arriva
à la rescousse dans le nouveau laboratoire secret de l’avionneur, quelque part
dans le Nevada dans la nuit du 2 au 3 juin 1960.
Nos amis avaient de nouveaux projets bien que
l’unanimité n’eût pas été atteinte parmi les membres de l’équipe d’Otto Möll.
La psychose nucléaire pouvait s’avérer être une mauvaise conseillère. Le plus
âgé était plus que persuadé de la proximité du conflit. Il mesurait le risque
en jours voire en heures, un peu comme la célèbre horloge de l’Apocalypse.
Ainsi, il était prêt à risquer les manipulations temporelles les plus
périlleuses pour éviter à tout prix la catastrophe. Il venait de discuter avec
le duc de son entrevue de Las Vegas de janvier précédent, insistant tout
particulièrement sur l’inconnu aux yeux sinistres qui s’était joint à
Athanocrassos.
- Cher Otto, vous m’étonnez, articula Franz avec soin.
Cinq mois après l’événement, vous me parlez de ce type sans avoir encore
compris qu’il s’agissait de Johann van der Zelden, notre Ennemi commun. Certes,
j’accepte de vous suivre mais du bout des lèvres. Nous risquons gros dans cette
énième expédition après nos échecs répétés de 1959.
L’avionneur répliqua sèchement :
- Nous n’avons pas le choix.
Se tournant ensuite vers William, Nikita, Stephen et
Giacomo, il ajouta :
- Mes amis, reconnaissons qu’avec la capture de
Francis Powers, les Etats-Unis sont dans leurs torts. Mais jamais le Président
Eisenhower ne cèdera devant les Russes.
- Êtes-vous sûr qu’il est prêt à risquer une
conflagration générale à quelques mois du terme de son dernier mandat ? hasarda
l’Italien.
- C’est un militaire. Cela veut tout dire.
- Quoi ! Un militaire ! Il en faut ! grommela
Bill.
- Nous sommes manipulés par un démon incarné, Johann,
jeta Otto tristement. Michaël nous a répété et répété encore qu’il n’était pas
possible de changer le cours de l’Histoire.
Nikita se mêla à l’échange.
- Michaël est capable de nombreux coups de pouce. Il
m’a confié que s’il n’était pas intervenu dans mon destin, je serais mort
enfant lors d’un accident.
- Nikita, tu as raison. A nous, simples Homo Sapiens,
de tenter le coup. Cependant, je suis persuadé que ces jours derniers
constituent une déviation de la piste temporelle originelle. L’Ennemi en est
responsable. Il est parvenu à enclencher un autre temps, une harmonique
secondaire qui, se substituant au segment d’origine, nous entraînera dans une
nouvelle guerre, une guerre non survenue pour l’humanité existant dans le
modèle source. Comme nous ne sommes qu’au tout début de la nouvelle tangente,
nous pouvons encore le contrecarrer, effacer les pointillés de cet autre temps
avant qu’il se fossilise.
Tandis qu’Otto s’exprimait ainsi, Franz souriait mais
n’en pensait pas moins. Il gardait pour lui l’idée que la piste avait divergé
depuis fort longtemps déjà, peut-être même depuis l’origine de notre récit, que
la manipulation du temps s’était transmise d’aval en amont, cassant la logique
de la flèche ce, en conformité avec la relativité générale d’Einstein qui avait
su mettre à bas le temps linéaire newtonien.
O’Gready crut bon de demander :
- D’accord, van der Zelden est une crapule, un rascal. Mais cette crapule est
puissante. Comment allons-nous en venir à bout ?
- En reprenant nos expéditions temporelles, lui
répondit Otto. Le véritable translateur opérationnel est toujours en notre
possession. Nous n’avons plus qu’à le réassembler, lui faire passer un check up et en route pour le passé.
Après avoir marqué une pause, Otto jeta :
- Nous allons enlever Johanna, ma cousine. Ainsi, Johann n’aura pas de grand-mère. Cette fois-ci, nous ne commettrons pas l’erreur de s’en prendre à elle enfant.
En 1925, par exemple, la cible est plus
facile à atteindre. Ses protections extérieures sont amoindries. Elle est moins
entourée. Si, parmi ses proches, il y a un homme robot, nous, nous le sommes
encore davantage. Désormais, nous savons comment neutraliser cette menace.
N’est-ce pas, Franz ?
- Là, vous êtes en train d’abattre toutes vos cartes,
Otto. Mais permettez-moi d’émettre des réserves. La cible n’est pas aussi
facile à atteindre. Toutefois, j’ai enquêté sur les faits et méfaits de votre
cousine dans la décennie 1920. Je connais presque par cœur le tissu de sa vie,
les événements anodins ou mondains auxquels elle a assisté. En 1925, il ne
semble pas qu’elle ait bénéficié d’aides occultes conséquentes. A l’orée de
l’été, madame van der Zelden a organisé un raout mondain fort couru par toute
la noblesse wurtembergeoise et par cercles de plus en plus grands, la haute
société de France et d’ailleurs. Monsieur d’Arminville m’a souvent raconté
cette soirée…
Otto vivait une sorte de tempête sous son crâne.
« Primo : soit les souvenirs de ce gentleman
cambrioleur correspondent à un temps non encore manipulé par nous, soit ils
constituent la preuve de notre échec possible.
Secundo : je ne puis que m’enthousiasmer à la
perspective d’éliminer cette garce, trois ans avant qu’elle ait assassiné mon
regretté père Waldemar. Je suis prêt à risquer une distorsion de ma propre
histoire familiale et ainsi, être différent. »
Le bougonnement de William sortit Otto de ses pensées
agitées.
- Le temps de tester une nouvelle fois le translateur,
de nous rendre en 1925 et d’en revenir mission accomplie avec un otage dont il
faudra bien savoir quoi en faire, cela va représenter combien de jours ?
Je ne dispose que d’une semaine de congé, moi ! En effet, je dois
impérativement être de retour en France le 10 juin.
- Bill, le calma l’avionneur. Ne t’en fais pas. Si tu
es venu jusqu’ici, dans mon laboratoire secret, c’est pour nous donner un coup
de main. La remise sous tension du translateur nécessite un délai de
quarante-huit heures.
En son for intérieur, Franz ricanait.
- Mein
Gott ! Monsieur Catastrophes va nous aider !
- J’y connais rien, moi, en électronique et tutti
quanti.
- Tu seras un mécanicien malgré tout et malgré toi,
comme Giacomo. Tous les bras sont les bienvenus.
- D’accord, acquiesça William. Connaissez-vous les raisons profondes qui m’attachent à vous ? C’est parce que je suis contre la guerre nucléaire que je vous suis depuis des lustres dans vos entreprises folles. Elle n’est pas propre. Seuls les civils trinquent. Alors que la guerre du Pacifique, là, c’était tout autre chose. La ronde des avions au-dessus des destroyers. Le plaisir de voir les Zéros abattus en flammes. Midway… les bombes, les corps-à-corps sur les plages des petites îles. Guadalcanal…
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alors, la guerre du temps, j’en ai rien à foutre !
- William, je suis entièrement de votre avis, jeta
alors Franz impatient. Votre nostalgie militaire vous honore, mais nous perdons
du temps. Mettons-nous immédiatement à la tâche.
Ce fut ainsi que tous travaillèrent sur le
translateur, sans compter les heures. Comme prévu, l’incompétence de William
O’Gready déclencha un court-circuit. Stephen, en renfort, paya de sa personne,
et la mission put avoir lieu.
Nous savons qu’elle tourna à la catastrophe. Otto et
Franz avaient bien négligé le facteur des hommes synthétiques. Kintu Guptao
-Yi-Ka portait, certes, un nom ridicule, mais sa mission de protection de
Johanna n’était pas une plaisanterie. Cependant, le valeureux gaffeur colonel
américain portait lui aussi sa lourde part de responsabilité dans l’échec.
Parler, se trahir alors qu’on était censé être muet à cause de son accent
yankee, sans oublier ses erreurs anachroniques et le fait de trop lever le coude…
Franz ne le supporta pas. Tandis que Stephen avait
pris la chose avec philosophie et regagné son époque, le duc eut une anicroche
avec Otto, qui resterait toujours entre les deux hommes.
- Cet échec vous reste en travers de la gorge, disait
le plus âgé.
- Convenez tout comme moi que, face à Johann disposant
de la technologie de trois civilisations post-atomiques, nous sommes tout à
fait ridicules avec nos pitoyables moyens obsolètes du XXe siècle. Autant
combattre un porte-avions avec un hachereau moustérien.
Franz évoquait trois civilisations post-atomiques
alors qu’il y en avait quatre. Il faisait allusion aux première, seconde et
quatrième, ignorant la troisième, celle des nains émergés de la boue.
A la suite de cette mésaventure, O’Gready avait
regagné Paris dans les délais. Il n’aurait pas le temps d’enquêter sur les
fuites des documents du SHAPE.
Le 10 juin, à l’aube, il se trouva mêlé malgré lui à
des manœuvres, des exercices de tirs à la grenade des nouveaux soldats
incorporés. Pourquoi était-il embarqué ici ? Le sergent instructeur
servait-il à quelque chose ? Ou bien était-ce son zèle qui l’avait
entraîné ?
Le sergent Mac Donald paraissait totalement dépassé devant l’impéritie de cette caricature de bidasse de comédie bidimensionnelle troupière. Ce GI ultra myope, à la dégaine de Jerry Lewis,
s’avérait d’une
telle maladresse qu’il mettait tout le contingent en danger. William n’en
revenait pas.
- Ce n’est pas possible. Ils prennent n’importe qui
comme volontaires maintenant ! Il faut que je m’en mêle…
- Hello, boy, interpela-t-il le soldat. Tu t’y prends
mal. Ce n’est pas ainsi qu’on dégoupille une grenade. Nuts ! Qui m’a collé un pareil empoté ? Ah ! Si
Patton était là ! Sacré incapable. Si tu avais fait la guerre contre les
Japs, ils t’auraient descendu à la première embuscade.
Le GI binoclard avait fini par dégoupiller sa grenade
en tremblant, et l’avait lancée mollement vers la cible. Mais l’engin, telle
une célèbre balle magique, s’en vint rouler suivant une trajectoire hétérodoxe,
jusqu’aux pieds de William en personne, un William qui s’aperçut trop tard du
danger. En fait, la grenade était téléguidée par le faux soldat, homme robot
diplômé.
O’Gready eut le mauvais réflexe de vouloir donner un
coup de pied à la grenade afin de la faire rouler plus loin. Mais celle-ci
explosa, criblant d’éclats le corps du valeureux militaire qui était revenu de
la guerre du Pacifique et de celle de Corée chargé d’honneurs et de médailles
sans oublier quelques blessures. Il ne lui manquait que quelques mois avant la
retraite avec le grade de brigadier général honoraire.
Johann venait de faire une nouvelle victime.
Les GI, voyant le colonel mort, voulurent entourer le
maladroit responsable de cette tragédie. Mais notre pseudo-Jerry Lewis avait instantanément
disparu sans que nul ne l’eût vu s’enfuir. Une enquête minutieuse prouvera que
ledit incorporé n’avait jamais existé. Les fiches de l’armée ne répertoriaient
ni son nom ni sa photo. Sa mission accomplie, Kintu Gupta-Yi-Ka regagna le
bureau newyorkais de l’Ennemi.
- Tu as admirablement effectué ce coup, Kintu, le
félicita Johann. Otto se retrouve isolé. Voici pour preuves un extrait de la
discussion qu’il a eue avec Franz. Ecoute. Cela va te plaire.
Devant un écran de télévision extra plat, l’ex-baron
von Möll affichait toute son alacrité, osant jeter à la figure de Franz
quelques vérités bien senties. On aurait cru avoir affaire à un direct mais il
s’agissait bien là d’une retransmission spatio-temporelle différée de
trente-cinq ans.
-… Franz, vous êtes cynique…
-… Otto, la vie ne vous a rien appris, rien !
Vous réagissez comme un attardé qui refuse de voir la réalité en face !
Johann reprit la parole, sa voix surmontant les bribes
de la dispute.
- Kintu, tu as entendu le ton sur lequel les deux amis
s’invectivent. Ecoute attentivement la suite…
Les paroles amères de l’avionneur retentirent alors
dans le bureau de van der Zelden.
- Que me réserve Johann ? Il tue mes amis ou les
éloigne de moi…
- Kintu, je suis amplement satisfait. Le vieil Otto a
compris la leçon. Je t’accorde donc un congé pour te récompenser. La mission
qui suivra celle-là sera de tout repos. Tu te rendras en 1969 chez le père de
Stephen, Dietrich.
- Oui, maître, je prends quarante-huit heures.
- Non, je suis généreux, Kintu, prends la semaine.
Après un profond salut, l’homme synthétique sortit du
bureau.
- J’ai là un serviteur parfait, sourit Johann, un peu
benêt, mais parfait.
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